Trois choses


Trois choses que je souhaite ne plus faire dans ma vie

Habiter une caravane
tomber dans mes pièges
la gueule

 

Open Door


Nul à l’autre pareil
son vivant
son existence
son essentiel
son tempo
son empreinte
sa voix
sa foi

son écriture

Notre ciel (4)


Des anges dans les nuages
aux ailes bordées de rose
survolent le crépuscule
à la vitesse du vent

Un soir d’après


Mon très cher plus vieil ami,

Je reviens de la grande fête de notre petite-fille.
Je ne suis pas encore redescendue. Trois jours hors du temps, dans un cadre de carte postale, cinquante personnes réunies pour l’amour d’une petite fille rieuse et de ses fantastiques parents.
Des émotions, des rires, des jeux, à manger, à boire, tout à profusion.
Des retrouvailles, toute ta famille, tes filles, tes petits-fils, ton frère et sa moitié, que je n’avais pas vus depuis longtemps, des accolades, des conversations, et des rires et des rires. (suite…)


Quand j’ai voulu écrire un texte pour Made in Woman où je faisais la liste (non exhaustive) de toutes les femmes artistes qui ont jalonné ma vie, un hommage, le premier nom qui m’est venu est Annie Ernaux.
Je la lis depuis Les armoires vides, c’est peut-être le livre qui m’a le plus touché. C’était à l’époque une lecture confidentielle, je l’ai vu petit à petit prendre du poids dans la littérature, preuve que le monde changeait.
Je l’ai moins suivie ces dernières années, un peu dérangée, j’avoue, par ses prises de position, pas par leur nature mais par le fait lui-même, il m’a toujours semblé qu’un artiste dit dans ses œuvres, qu’il n’est pas forcément nécessaire de connaître son avis par ailleurs. Je ne sais pas trop quoi faire avec l’idée de séparer l’artiste de l’œuvre.
Cet été, je parlais d’elle avec Isabelle Flaten (qui n’est pas dans la liste seulement parce que je ne la connaissais pas encore, depuis j’ai lu ses livres à elle et j’attends le prochain avec impatience, son écriture me touche et m’inspire pareil).
Isabelle était en train de relire tout Annie Ernaux, nous disions comme cette femme compte, comme ses livres sont importants, comme elle a ouvert des voies, comme elle est restée fidèle à elle-même, comme son écriture est subtile, l’air de rien, et tout le bien qu’elle nous fait et que nous en pensons.
J’ai le sentiment, et je suis sûre que beaucoup d’amies l’ont aussi, d’avoir reçu un peu le prix Nobel. Ça, c’est typiquement l’effet Annie Ernaux.

 

 

Tout ce qui m’a étonné dans mon âge tendre m’étonne aujourd’hui bien davantage. L’heure de la fin des découvertes ne sonne jamais. Le monde m’est nouveau à mon réveil chaque matin et je ne cesserai d’éclore que pour cesser de vivre.

 

Colette

Un autre soir d’octobre


Mon très cher plus vieil ami,

C’est incroyable non ? Gigi, le retour !
Cela fait plus de quarante ans que nous ne nous sommes pas vus, elle m’envoie une photo de nous où je n’ai même pas vingt ans, elle m’apprend qu’elle suit mon blog tous les jours, qu’elle a lu tous mes livres… que mon écriture lui parle.
Je ne l’avais pas oubliée, nous avons beaucoup trop ri ensemble. J’y pensais de temps en temps. Je crois que nous en avons parlé quelques fois. (suite…)

Un soir d’octobre


Mon très cher plus vieil ami,

Je pensais à t’écrire, comme un peu tout le temps en ce moment, puis la radio a passé un disque de Bowie, comme un signe.
Je suis bienheureuse que mes lettres te plaisent, c’est ma façon d’être avec toi.
Nous sommes tous avec toi.
Tu me dis qu’elles te font voyager, moi aussi, un voyage dans ma vie, ma mémoire, notre mémoire commune. (suite…)

Carte postale de nuit


Des nuages noirs
une lueur en arrière-plan
celle de la lune
elle apparaît de temps en temps
une demi-lune ascendante
qui se reflète sur le poil du chat
sur le muret
noir sur noir
dans une pause de chat
la tête droite
entre Bastet et Soulages

Un soir

Mon très cher plus vieil ami,

Bien sûr, je pense à toi tous les jours.
C’était bon d’entendre ta voix, un peu bionique mais c’était tout de même ta voix.
C’est donc bien décidé, plus de chimio, je comprends que tu ne veuilles plus t’infliger cette douleur, c’est ton fameux mektoub qui a régi ta vie, il y a de la cohérence. (suite…)

Notre ciel (3)


On a envie de prendre ce train de nuages
qui glisse, rail doré, sur le soleil couchant

Notre ciel (2)


A 180°
du bleu
unique, uniforme
je suis comme sur une plage
à l’envers
je pique sans vague
une tête dans le ciel

Notre ciel


Des traces de la diligence
des oiseaux de nuages
un avion passe à travers la lune du jour
laisse une perche de fumée
au funambule qui s’y trouve

Marie m’a dit (2)


Je suis gentille. C’est ce que tout le monde dit : Marie, elle est gentille, et douce.
Je crois que je préfère.
Ce n’est ni plus ni moins confortable qu’autre chose.
Je l’ai sans doute choisi, il y a longtemps, maintenant je ne saurais pas faire autrement.
Bien sûr, deux ou trois personnes sur Terre savent que ce n’est pas une vérité absolue, cela reste une réalité, je suis gentille. (suite…)

De la maternité et du temps


Un jour, vous avez un enfant de 40 ans.
Oui, jeunes mamans je vous le souhaite du fond du cœur, un jour vous avez un enfant de 40 ans. Cela dit, ça fait drôle, il y a deux jours c’était votre tour, vous aviez 40 ans et il était seulement un adulte en devenir, comme une blague à laquelle on ne croit pas plus que ça. (suite…)

Marie m’a dit


Merci de cesser de me dire bon courage à tout bout de champ.
Je ne suis pas Ukrainienne, je ne suis pas migrante, je ne suis pas malade, je ne suis pas au cœur des souffrances de la planète. Je vis en France, j’ai la sécurité sociale, un toit sur ma tête (pas des bombes) et de la nourriture dans mon assiette tous les jours. Je suis à peu près en bonne santé et la famille va bien, merci.
Le courage, comme tous, il m’est nécessaire à certains moments de la vie, je ne tiens pas à le gaspiller, je préfèrerais que vous me souhaitiez simplement une bonne journée, une belle route ou une bonne vie.
Mais si c’est vous qui en avez besoin, je vous souhaite tout le courage du monde, celui qui affronte l’impensable et continue de tourner.

En fait


Une maison est juste une caravane
avec plus d’étoiles –
cinq au moins

Le départ du Sanglier


Des êtres sur votre route
que vous oubliez quand elle bifurque
un avis de décès les fait revenir
pour honorer leur mémoire et leur compagnie
vous vous souvenez

(suite…)