26/10/19
Mes livres, je les fis pour vous, ô jeunes hommes,
Et j’ai laissé dedans,
Comme font les enfants qui mordent dans des pommes,
La marque de mes dents.
[Anna de Noailles in Offrandes]
Mes livres, je les fis pour vous, ô jeunes hommes,
Et j’ai laissé dedans,
Comme font les enfants qui mordent dans des pommes,
La marque de mes dents.
[Anna de Noailles in Offrandes]
Des fois dans la même journée,
par exemple,
vous sortez un livre
et obtenez un permis de construire.
Des fois c’est comme le premier jour de votre futur.
On ne sait rien
d’un poème
dans le cœur
de l’autre
Comme le rappel d’un vieil ami oublié,
voir soudain citer Lucien Bodard dans le roman en lecture.
Trop d’impatience
dans les mots
aujourd’hui
Le chant de l’oiseau
juste après la pluie
Déjà comme deux raretés
Repos
Ressourcer
le corps
et les sentiments
– Tu sais je me demande si nous parlons la même langue, toi et moi. Le monde ne résonne pas de la même façon pour chacun de nous. Tu es totalement coupé du réel, tu n’as aucun des problèmes que la grande majorité des gens affrontent pour vivre jour après jour. Tu n’en as même pas l’idée. Car cela ne pourra jamais t’arriver.
– C’est toi qui es trop matérialiste.
– Bien sûr que je suis matérialiste, c’est la vie qui l’est. Je ne peux pas faire autrement.
[Aurélie Filippetti in Les idéaux – Editions Fayard]
Il va falloir retrouver la mesure,
au temps pour l’humain.
Avec de grands gestes, elle expliquait qu’il y a les écrivains de la faille et ceux de la force, mais qu’ils font tous le même métier, que cela revient au même parce que la faille est la force, et peut-être même vice-versa.
Personne ne mouftait sur le plateau.
En quelques jours
le Royaume vire aux rouges, aux orangés
On dirait que des fauves courent dans la vallée
Écrire sur ces silhouettes noires
ces fantômes de femmes dans la lumière crue
des pays en guerre
D’étourneaux peut-être
une escouade d’oiseaux
file dans le vent
Repos
repas
répit
repus
La fillette et le poème
« Le poème, qu’est-ce que c’est ?
M’a demandé une fillette :
Des pluies lissant leurs longues tresses,
Le ciel frappant à mes volets,
Un pommier tout seul dans un champ
Comme une cage de plein vent,
Le visage triste et lassé
D’une lune blanche et glacée,
Un vol d’oiseaux en liberté,
Une odeur, un cri, une clé ? » (suite…)
A la fin,
toutes les feuilles tourbillonnent.
Ciel et verdure à perte de vue
une pensée soudain pour un ami
que lui revienne la santé
lui faire livrer sur le champ
le plus possible de la belle lumière
#Aucomptoir
– Oh lui, il est pas bien, il fait de l’auto-collapsologie !
Quand se pointe l’impression
que ça ne tourne pas bien rond
dans la tête ou sur la planète
ne pas perdre de vue
qu’arrive (presque) toujours
un autre jour
Faites toujours et seulement ce qui vous ressource et vous convient, à votre rythme.
J’aime bien l’esprit.
Précédemment Partie 1 – Partie 2
6
Le temps qui suit
Des papillons s’envolent sous les pas
il y a toujours du vent dans nos cheveux
même les weekends et les jours fériés
Cela me manquera, je le sais. Vivre dans la nature. En caravane, on habite à moitié dehors, en prise directe avec le temps qu’il fait. On adapte les occupations. On s’intéresse aux nuances du moment, au froid, au chaud, au vent. Ça donne propension à la contemplation. (suite…)
Un enfant se tient immobile.
Il tient une bouteille dans ses mains.
Il y a un bateau dans la bouteille.
Il le regarde sans cligner
des yeux.
Il se demande où le petit bateau
peut naviguer s’il est retenu
prisonnier dans la bouteille.
Dans cinquante ans tu le sauras,
Captain Martin,
car la mer (vaste comme elle est)
n’est qu’une autre bouteille.
[Richard Brautigan in C’est tout ce que j’ai à déclarer]
Il arrive qu’un mot, saisi à la volée
séduise l’oreille et l’esprit dans un même mouvement
Diaprure…
Pas un accroc
pas une nuance
d’un seul tenant
le bleu, le ciel
nickels
Parfois faire un pas en arrière
regarder ce que l’on dit
avec les yeux de nos jeunes années
On ne reconnaît rien
Tu peux m’envoyer la méditation en mp3 sur whatsapp ?
Le grand danger, fillette,
ce sont les certitudes.
Dans le dossier des facéties
L’ami commande un de mes livres sur Internet –
d’occasion comme neuf, quelques euros gagnés.
Le livre arrive chez lui, à Berlin.
Il vient passer ici, en Provence, un week-end en famille.
Il me montre le livre. (suite…)
Repos
ombilical
Et je dis aux Femmes trois choses
– votre indépendance économique est la clé de votre libération. Ne laissez rien passer dans les gestes, le langage, les situations qui attentent à votre dignité. Ne vous résignez jamais.
[Gisèle Halimi in Journal Le Monde 22/09/2019]
L’équinoxe passé
la nuit cherche la chaleur
Les marcassins mangent les raisins
Voilà ce qui arrive
dans un monde sans fumeurs
on n’a pas de feu
pour allumer le gâteau d’anniversaire
Remercier la plus vieille dame
bien mise
croisée l’autre jour dans les rues de Gordes
Avec son sage t-shirt ACDC
et ses baskets dorées
elle m’a rappelée
l’importance de vivre sa vérité
L’odeur du sous-bois
le lendemain de la pluie
La dentelle du soleil
à travers les grands pins
Un dimanche après-midi
à jouer aux cartes
cinq jeunes hommes
à mes yeux
des gamins
pour toujours
Repos
D’automne
Elsa Platte avait toujours été sensible à ce ton des conversations familières, conjugales et quotidiennes, qui n’ont rien de palpitant ou de passionnant, mais qui sont la matière du lien. Car toute chose dite à l’autre, livrée, ou offerte comme un cadeau, comme son envie de partager, ne sert qu’à le tisser. Oui, nos amours autant que nos amitiés étaient des tresses de mots, comme ces épaisses cordes lisses le long desquelles on doit grimper enfant à l’école.
[Alice Ferney in Paradis conjugal – Albin Michel]
On l’a tous vu
dans le Vercors
sauter à l’élastique
Dans la lune
se trouve une magie
à son image
Parler c’est écrire sans correction
ce doit être juste dès le premier jet
Sentir, parler sans les mots
ne laisse aucune alternative
Des fois on est un peu comme ce chat
qui arrive en courant
au bruit de la porte qui s’ouvre
Quand tout paraît vain
même écrire
jamais aimer
Repos
Tous vous le diront
il se trouve une grande sagesse
dans le fait de ne rien faire
Au fond de la forêt obscure
je soulève une branche morte
dans le creux qu’a laissé son empreinte
des gouttelettes de poix résineuse
bordent d’une dentelle luisante le seuil
de l’autre monde
[Jean-Pierre Chambon in Tout venant – Editions Héros-Limite]
Chacune pour soie
A savoir, fillette, la littérature
est une drogue dure
A n’importe quel moment
quelque soit l’endroit où tu te trouves
tu regardes ta vie
et tu sais que tu ne pourrais retirer
aucune pièce du puzzle
qui t’a amené•e là
La vie peut être si simple
Il y a des jours plus neufs que d’autres