Tout à coup me sautent aux yeux les objets posés sur le bureau devant moi.
Le téléphone avec lequel je discute les yeux dans les yeux avec mon fils à Séoul, ou ceux de Marseille, ou ma copine dans la Creuse, avec cet outil je fais aussi des virements d’argent qui mettent dix secondes à se retrouver sur le compte du destinataire, c’est également à lui que je demande tous les noms que j’oublie.
A côté c’est la liseuse, une bibliothèque mondiale dans quelques centimètres carrés, de l’autre côté une cigarette électronique, et puis un masque en papier, bleu et blanc.
Je suis née dans un monde, j’ai grandi dans un autre, et maintenant c’est celui-là que, comme beaucoup je vois, je tente de penser.
Impossible à faire avec un esprit qui irait encore à la poste envoyer des télégrammes.
Depuis, les frontières ont sauté, les femmes ont parlé, l’ambiance, le climat, ont changé.
Chacun cherche son chat, voit midi à sa porte.
C’est comme la pluie, qu’on aime cela ou non, quand il pleut c’est simplement la réalité.
Personne ne sait vers où vogue le vaisseau
une seule chose est sûre
chaque jour de chacun
comme chaque jour de l’ensemble
est nouveau.