Les femmes fatales sont-elles mortelles ?

Le livre

Johnny est la jeunesse, sa magie et son incandescence qui troublent les sensations.
Sa vie chaloupe comme un commerce interlope.
Sa vertigineuse soif d’amour est musicale, elle rythme ses nuits.
Jusqu’à l’ultime.
Peut-être une histoire que Johnny se raconte.

Je suis fille de douanier, j’aime jouer aux frontières.
L’envie de peindre un portrait comme dans une chanson

La bande annonce par ICI

Ce qu'on en dit

Les femmes fatales sont-elles mortelles ?

A cette question liminaire, Hélène Dassavray répond finalement. Je ne dirai pas en quel terme… Tout son recueil tend à définir à sa façon, ce qu’est une femme fatale, ou plutôt plusieurs femmes fatales incarnées dans un sul personnage au prénom à priori masculin : Johnny. Tout est question de charme et de charnel. Dès la première page : à la peau de la nuit / vendue avant le jour. Et de la séduction comme un leitmotiv en continu : oeil pour oeil de velours. Les éléments souvent se mêlent : tout en chairs et cambrures ou bien : sa grâce insolente. Le jeu, est-ce le mot juste ? se passe entre son regard, son corps et les hommes tout autour aimantés, attirés, électrisés : tant qu’elle peut jouer / Johnny essaye encore. Il est sûr que nombreux sont les déceptions et les échecs on trouve des cadavres noyés / dans l’étal de ses yeux. La composition de chaque page est à l’identique, comme dans une chanson : un couplet plus ou moins long, puis le refrain en deux vers ramassés : charnelle et désinvolte / Johnny s’envole. La femmes fatale peut-elle ou doit-elle faire la rencontre, qu’elle cherche, qu’elle guette et qu’elle attend ? Peut-elle l’esquiver ? Hélène Dassavray mène avec maestria cette dans ensorcelante, ensorceleuse.

Jacmo [Revue Décharge N°196]

 

Film noir ou poème nocturne ? Nouvelle à suspense ou tableau sensuel ? Journal intime ou chronique publique et ses rubriques « seduction », « où sortir ce soir » et « faits divers » ?
À moins que ce recueil soit une bande dessinée sans dessins, un strip compact dont chaque case tient sur une page, noircie de 10 ou 15 lignes qui tracent une esquisse aussi brève que précise…
Comment étiqueter ces textes, à la fois délicats et fiévreux, captivants et inquiétants, charmeurs et ténébreux ?
Mais faut-il les étiqueter au lieu de considérer simplement que, comme tous les écrits de cette magicienne du verbe qu’est Hélène Dassavray, cet ouvrage restera réfractaire à toute tentative de classification ?
Et, finalement, en rendant toutes les hypothèses précédentes aussi correctes qu’erronées, ce livre ne se veut-il pas un éloge de l’ambiguïté ? Ambiguïté de la forme, du ton, des personnages, de leurs envies, de leurs actes et, surtout, ambiguïté des mots.
Comment réussir alors, dans ce royaume du double sens, à déterminer si les femmes fatales sont bel et bien mortelles ?

Sébastien Fritsch

Des Johnny, on a connu beaucoup, qu’ils soient Cash, Hallyday,Weissmuller ou Depp. Et même un transgenre alcoolisé du nom de Johnnie Walker. Mais aussi en déclinaison féminine, l’orthographe dusse-t-elle y perdre quelques plumes : Mitchell, Baez, Gandhi ou d’Arc. La plupart connaissait la chanson. Comme la Johnny d’Hélène Dassavray dans « Les femmes fatales sont-elles mortelles » : « elle vibre tous les organes / et rythme le cœur / elle entre par le plexus / ou le ventre / elle frissonne la colonne / elle tire sur les zygos / ou la mélancolie / elle creuse le sentiment / Johnny est une musique. »
Taillant son écriture au couteau de l’élégance, voyageuse au long cours des mots qui jouent juste, Hélène Dassavray raconte en panoramique l’histoire d’un être libre au sexe délicieusement défini et aux actes excessifs puisque la liberté l’exige. « Un chaman déjanté / le verre à moitié plein / du noir dans la prunelle/ chauffe la piste de danse / les cheveux dans le vent / suaves ivresses / sens en girouettes / parfums d’humains /…/ en substance / Johnny cavale. Ses poèmes sont des morceaux d’instantané semblables à ces viandes hachées qui se mangent chair crue avec le sang à l’intérieur. Seulement ici, foin d’hémoglobine, juste une provende qui bouillonne de la fièvre d’exister. Hèlène Dassavray câline son vocabulaire pour une desquamation au trot d’une sobriété de langue encore plus belle par sa simplicité. Dans « Les femmes fatales sont-elles mortelles » il est question d’amour couturé à façon, d’illusions qui refusent d’être perdues, d’évidences mal rassasiées au point d’y revenir inlassablement. « Ne pas remettre au lendemain / ce que l’on peut danser le jour même/ œil pour œil de velours / Johnny a ses principes / et sa philosophie / courir tous les lièvres possibles. »
En d’autres temps, l’éditeur d’Hélène Dassavray – Antoine Gallardo – disait à propos d’un manuscrit qu’il n’a pas publié « c’est un livre pour initiés ». Hé bien celui là en fait partie, je suis comblé d’en être, persuadé que les initiés sont nombreux, bienheureux vivants à avoir croisé Johnny, et plus si affinités. Ou moins, puisque dans son ambiguïté, plus tendre est la chute : « Johnny est sans issue… la peau a toujours le dernier mot, Johnny n’est plus la même … Johnny salue l’inaccessible / l’amour définitif / la tempe battante / l’index sur la gâchette / le canon sur le cœur / face au miroir / elle sourit / une dernière fois / à sa jeunesse / à sa beauté / A sa mémoire / Feu Johnny. » Pour ce qui concerne Hélène Dassavray, tenons nous-en à sa présentation à la fin de l’ouvrage : « jusqu’à preuve du contraire, elle est immortelle ».Donc intemporelle. Et son œuvre sublime. That’s why we love you baby.

Jean Azarel

Extraits

Chienne de vie
sa vaisselle sale dans l’évier

la bonne fortune pas plus que son revers
n’est une question fondamentale

les préjugés
les prises de tête
et même les balles

Johnny esquive

*

Elle ne le mesure pas
ne miserait rien d’elle-même

son éclat juvénile
éblouit les plus sombres
regards rivés
fascinés
zippés à son côté obscur

sa grâce insolente
capture l’iris
naïve ensorceleuse

Johnny pire qu’un charme

*

Quand bruisse la nuit
la fièvre de tous les soirs
Johnny se défait
en folles virées
de ses mille visages

Sa franchise exige
des voyages d’où l’on puisse
s’envisager
se fourvoyer
s’émerveiller
se décevoir

*

 

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Editions La Boucherie littéraire
I.S.B.N. : 979-10-96861-47-7
Nombre de pages : 46
Prix public : 12 €
Format fermé : 110 x 170 mm
Façonnage : Dos carré collé
Impression : Numérique

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 Photo Claude Dityvon -1981