Quand j’ai voulu écrire un texte pour Made in Woman où je faisais la liste (non exhaustive) de toutes les femmes artistes qui ont jalonné ma vie, un hommage, le premier nom qui m’est venu est Annie Ernaux.
Je la lis depuis Les armoires vides, c’est peut-être le livre qui m’a le plus touché. C’était à l’époque une lecture confidentielle, je l’ai vu petit à petit prendre du poids dans la littérature, preuve que le monde changeait.
Je l’ai moins suivie ces dernières années, un peu dérangée, j’avoue, par ses prises de position, pas par leur nature mais par le fait lui-même, il m’a toujours semblé qu’un artiste dit dans ses œuvres, qu’il n’est pas forcément nécessaire de connaître son avis par ailleurs. Je ne sais pas trop quoi faire avec l’idée de séparer l’artiste de l’œuvre.
Cet été, je parlais d’elle avec Isabelle Flaten (qui n’est pas dans la liste seulement parce que je ne la connaissais pas encore, depuis j’ai lu ses livres à elle et j’attends le prochain avec impatience, son écriture me touche et m’inspire pareil).
Isabelle était en train de relire tout Annie Ernaux, nous disions comme cette femme compte, comme ses livres sont importants, comme elle a ouvert des voies, comme elle est restée fidèle à elle-même, comme son écriture est subtile, l’air de rien, et tout le bien qu’elle nous fait et que nous en pensons.
J’ai le sentiment, et je suis sûre que beaucoup d’amies l’ont aussi, d’avoir reçu un peu le prix Nobel. Ça, c’est typiquement l’effet Annie Ernaux.