21 Dimanche

Quand l’orage fait vibrer la caravane, parfois je mets la musique à fond, d’autres fois j’éteins la lumière, j’ouvre les stores, et je regarde le spectacle, au chaud, à l’abri.
Impossible de ne pas penser à ceux qui n’ont pas de toit.
Et pas seulement pour se réjouir – ce qui est humain – d’en avoir un.
J’évite en général le piège de la colère, mais il y en a peut-être un autre à se conforter dans sa propre impuissance.
On évite beaucoup de choses, et petit à petit, avec le temps révélant l’envers du décor, on s’aperçoit qu’il en existe autant que l’on n’a pas évitées.
Dans les prises de conscience, chaque fois que l’on grandit – et ça ne s’arrête jamais, il y a toujours une impression de s’être fait, jusque là, rouler dans la farine.
Frangine dit que je vis dans une bulle. A cause du Royaume, si paisible, à cause de sa naturelle magnificence – chaque jour, sous toutes les lumières. A cause que je suis heureuse.
Mais moi non plus je ne sais pas quoi faire avec la douleur du monde, avec le côté sombre de la Force. Tout ce que j’ai trouvé c’est ce vieux cliché, tenter l’amour, la joie, la poésie – par tous les temps.