A la tablée quelqu’un dit :
Vous vous rendez compte, que l’an 2000 c’était il y a 18 ans !
Au silence qui suit on peut penser que chacun s’il ne l’avait pas fait est effectivement en train de se rendre compte.
Au siècle dernier, on avait déjà entrepris et quasi terminé une guerre mondiale.
Quand nous étions jeunes et larges d’épaules* l’an 2000 était un futur très éloigné. C’était aussi, à cause de ce chiffre, de ce changement de millénaire, la projection de toutes les sciences-fictions.
Maintenant, il fait partie de notre passé – pas si proche.
Et nous vivons dans ce futur, j’en suis encore chaque jour étonnée, souvent émerveillée.
L’exemple le plus récent : consulter sur ma machine à écrire une fenêtre ouverte sur tout le savoir du monde et trouver en quelques secondes comment s’écrit le pluriel du mot science-fiction.
Les exemples des bouleversements sont infinis : la vitesse du train, le taux de guérison des maladies, les téléphones personnels…
Quand j’avais 20 ans, la population mondiale était de 4 milliards (j’ai trouvé le chiffre en trente secondes), elle est bientôt du double et reliée, cela change forcément les conditions de vie pour tout le monde.
Bien sûr, on peut citer tous les revers de la médaille, tout ce qui va pire ou pas mieux. On peut. Ou pas.
De toute façon, on est là.
Contemporains de la superbe et de la barbarie.
Vivants dans le futur de nos enfances,
en charge de celui des suivants.
On s’est tout rendu compte que ce nouveau millénaire plein d’avenir vient d’avoir 18 ans.
A la tablée quelqu’un le dit :
Il est beau comme un enfant, fort comme un homme !
Puis on a ri et bu du rosé.
* Bernard Lavilliers in On the Road again