Je ne fais rien mais je ne m’y fais pas.
C’était terrible à Paname, ces tentes sur le trottoir glacial.
Cette jeune femme dans son sac de couchage.
Ce vieil homme installé au milieu, sa bouteille, sa radio.
Ce type ramassant tous les cartons qu’il peut.
Là, ça déconne.
La cinquième puissance mondiale ne peut laisser des humains à la rue.
C’est de la mathématique.
D’un autre côté, je n’ai rien donné aux dames venant demander à la gare.
J’ai toujours l’impression de me faire arnaquer.
Et alors ?
Si elle a vraiment faim, je l’aurai aidé, si ce n’est pas vrai, j’aurai perdu quelques euros…
Le risque n’est pas si terrible, pourquoi je ne donne pas ?
Pour ne pas encourager les escroqueries ?
Est-ce que ça changera quelque chose ?
Qu’est qui me fait refuser cette aumône ?
Parce qu’ils sont trop nombreux à mendier,
je ne peux pas accueillir toute la misère du monde ?
Pourquoi n’ai-je pas donné à une seule, alors ?
Je les avais, ces deux ou trois euros.
A la réflexion, ils pèsent lourd dans ma poche.
Que l’indignation, les mots, la colère même, sont faciles.
Dans mon monde idéal, j’ouvrirais ma maison à celui qui n’en a pas.