Le temps nous ment et nous manque,
traitons le avec désinvolture.
J’ai parfois l’impression de passer ma vie dans un sas de décontamination entre l’ancien et le nouveau.
Le monde est très indépendant de notre volonté.
Quelque chose change, n’est-ce pas ?
Tu le sens toi aussi ?
Ce n’est pas perso, c’est national, continental, mondial.
Universal, peut-être.
C’est le visage du nouveau qui commence à se dessiner,
bien sûr différent de ce que l’on attendait.
On y avait collé nos idéaux,
on avait imaginé du jour au lendemain une humanité d’anges.
Justes et partageurs.
Error 404.
Même dans le monde nouveau il va falloir faire avec
la violence, l’avidité, l’injustice, la bêtise, et tout le bataclan.
Et aucune révolution ne changera cela,
l’évolution s’en chargera.
Ou pas.
Au fond ce n’est pas que quelque chose change,
c’est que tout a changé.
Nous sommes entrés en science-fiction.
Sans aucune idée des limites.
Le nouveau est inconnu par définition.
La définition est nouvelle pour l’inconnu.
Il nous faut tout repenser
Dans la grande mutation s’inscrit la parole des femmes.
Même les bonnes sœurs du Vatican expriment leur besoin de changement.
Si ce n’est pas un signe !
Nos femmes les plus soumises, nos femmes voilées,
élèvent la voix.
Elèvent dans ce mouvement toute l’humanité.
Je roulais dans la nuit, le curseur sur Radio France Vaucluse,
(la seule radio qui tient la route dans le Royaume) –
une émission sur les règles.
J’ai écouté pendant une heure des femmes avec l’accent du soleil raconter leurs histoires de sang, d’intimité, de féminité.
A part ceux qui roulent dans la Combe (et j’étais la seule),
j’ignore qui écoute Radio France Vaucluse à minuit,
mais j’imaginais qu’il y en aurait quelques uns qui se coucheraient moins bêtes.
(ma mère m’a toujours dit de ne jamais mourir le matin)
Pour dire que ce sont là les fondations du monde nouveau :
les femmes qui prennent leur place.
Non ?