De fin de saison


Mon très cher plus vieil ami

Quelques nouvelles d’ici pour ton plaisir de lire.
Ça sent la fin de la saison. Moins de travail mais la fatigue qui vient.
La fraîcheur des nuits revigore après les excès de l’été.
J’adore ce moment, les prémices de l’automne dans les dernières chaleurs.
L’été était parti en week-end et avait prêté quelques jours sa saison à l’automne, mais il est de retour, adouci par septembre. Nous nous régalons à manger dehors, midi et soir.Cela m’a fait tellement plaisir de t’entendre au téléphone, malgré cette grande fatigue qui transparait. Nous sommes passés à Marseille la semaine dernière pour le rendez-vous chez le notaire, ce n’était pas loin de chez toi, nous n’avions pas le temps pour une visite mais j’ai pensé si fort à toi que tu as dû le sentir.

Nous avons reçu la visite de la petite Lucie, nous avons passé deux jours doux et heureux, bien mangé, bu, ri et parlé. Bien parlé, comme le font les vieux amis, sans détour. Comme on le fait quand on se connaît, ou se reconnaît.
C’était double plaisir pour moi, parce qu’il y avait aussi celui de cette liaison avec ma vie d’avant, avec le Campement. Le même sentiment qu’avec Tonton Reporter, qui devrait d’ailleurs donner tout de même un peu plus de nouvelles.
Les travaux reprennent pour la maison (la maison de famille maintenant que nous sommes passés devant le notaire (comme j’aime cette pensée qu’elle appartient pour de vrai également aux enfants (sans compter la paix de l’esprit en cas de mort subite (je ne parle pas de la bière)))), il faut qu’elle soit prête au printemps.

La grande nouvelle pour moi en ce moment est qu’après cinquante ans de bons et loyaux services j’ai tout de même réussi à virer le tabac de ma vie. Je sais que cette fois ci est la bonne, que c’est réellement fini entre lui et moi. Je le sais profondément, intimement. Bon d’accord, j’ai encore cigarette électronique, vaporisateur, nicorettes… mais je me félicite quand même, je crois en moi, je ne fumerai plus jamais de tabac. Le déclencheur a été la prise de conscience que c’est totalement has been. Depuis, je ne vois pas de gros changements (je n’étais déjà plus assez grande fumeuse) mais plein de petites différences, de petits maux qui s’améliorent. Enfin bref, c’est la chose accomplie dont je suis la plus fière ces derniers temps.

Je suis toujours aussi fière de notre Pitchoun. Et de ses aventures. Qui alimentent nos veillées. C’est tout de même très drôle cette photo sur le tarmac, au pied de l’escalier de l’avion, prêt à accueillir le pape. Tu as vu la photo qu’il a faite de lui, en robe blanche sur son fauteuil roulant, la première ministre juste à côté ? Il était vraiment tout près, le pape lui sourit… Pour la blague je lui ai dit de ne dire à personne qu’il n’est même pas baptisé. On n’aurait jamais pu imaginer qu’il se trouve un jour à deux mètres du Souverain pontife de l’Église universelle, sans oublier la photo avec le Président de la République Française où là ils sont côte à côte… le pitchoun élevé en tipi et en cabane en bois, sans eau chaude… La vie peut être facétieuse, espiègle dirait Weber, c’est ce qu’on aime chez elle.

Pendant que je t’écris Weber regarde un match de rugby au salon à côté. Quand tu ne comprends rien aux règles de ce sport, ça te parait vraiment un délire total, une trentaine de mecs qui se chahutent avec rudesse et courent dans tous les sens.
Je suis mieux sous le préau à regarder les étoiles bien rangées dans le ciel, avec la lune qui éclaire la falaise, toutes deux immuables et visions de beauté.

De Weber et moi, de notre maison douce, des ondes de tendresse pour toi.
Je t’aime pour toujours.