De la cabane en parpaings


Enfin, porte et hublots ouverts
on peut penser l’hiver fini
c’était bien le dernier dans la caravane
la maison est là
les murs, le toit, les cloisons, l’électricité
on ne sait jamais ce qui peut arriver
après une pandémie mondiale et une guerre dans le quartier
on peut s’attendre à tout
si donc, une catastrophe climatique par exemple, empêchait les choses d’avancer
et si le prochain hiver arrivait
je l’habiterais en l’état
pour dire que c’est la fin de mon dernier hiver dans la caravane
sans doute pour de vrai
quitter un pan de vie, un pan de moi
quelque chose de rude parfois comme une pénitence
d’autres un délice de liberté, de légèreté
si simple
le sentiment dominant parmi la multitude
est cette étrangeté de savoir que dans un délai relativement court
ma vie va énormément changer
l’expérience dit que quelle que soit la projection elle ne ressemblera pas à la réalité
je n’essaie même pas
je regarde arriver
je me détache avec douceur de mon futur souvenir

je prends ce temps