Fin février


Mon très cher plus vieil ami

Juste quelques mots pour te remercier de ce si bon moment passé ensemble. Nous en sommes revenus rieurs.
Merci pour le carburant nécessaire à mon activité d’écriture.
Il y avait bien longtemps que nous ne t’avions pas vu aussi vaillant, présent, et joyeux.J’écris aussi pour rassurer les amis qui suivent de loin et qui lisent ce blog, comme Tonton Reporter par exemple.
Pour leur dire que tu vas bien, qu’un traitement à la cortisone te redonne de la force.
Que nous avons même parlé d’un week-end dans ma nouvelle maison au printemps.
Que le cancer suit son chemin, bien sûr, mais il va prendre tout son temps et nous en laisser à partager.
Ce qui a du sens, puisque l’une des phrases que tu dis sans doute le plus dans ta vie est « Le temps… ». Je ne la comprenais pas quand j’étais jeune et affamée mais maintenant je le sais aussi, le temps adoucit les aigus et déplace les angles de vue.
Tout est dans ces points de suspension, le temps…
Il nous change aussi tellement. Et si peu en même temps.

J’ai commencé ce petit mot hier matin, la pièce était gorgée de soleil, je la reprends ce matin avec un paysage de neige. Comme quoi, le temps…
J’ai reçu une photo du Pitchoun, je sais qu’il a également neigé sur Marseille, je me rappelle aussi comme tu n’aimes pas la neige mais on sait bien qu’elle ne va pas rester longtemps. Cela me fait penser à une blague croisée sur le net et qui m’a fait rire : Ce que les journalistes et les météorologues appellent « vague de froid », n’est-ce pas ce que l’on appelait l’hiver autrefois ?
On l’a bien vu changer le climat, quand j’étais petite en Franche Comté, tous les Noëls se fêtaient sous la neige, à mon adolescence ce n’était déjà plus qu’un Noël sur cinq, au moment où j’ai quitté la région, vers la vingtaine, on ne parlait plus de la neige à Noël.
Je me souviens aussi, cette fois-ci dans le Sud, au début des années 90 quand le soleil d’été s’est fait d’une année sur l’autre beaucoup plus mordant.
Collectivement, c’est sûr, on a merdé.
Sur ces grandes considérations, je te laisse, je vais travailler. Je vais répondre au téléphone aux gens qui réservent leur camping pour les vacances d’été, c’est plutôt agréable, ils sont contents, ils appellent de partout, parfois ils me racontent leur vie, ça te plairait. L’autre jour il y avait un vieux monsieur qui réservait plusieurs bungalows pour une fête de famille, il m’a raconté l’histoire de ses parents tous deux enfants trouvés sans aucune information sur leur origine, ils s’étaient rencontrés à l’orphelinat, leur lignée a donc commencé avec eux.
Toute vie est réellement un roman.
Je t’embrasse toi et ta Douce.
Force et amour