#jevisdansunecartepostale


Le soleil du petit matin traverse la vallée
éclaire seulement le moulin en haut de la colline
tache dorée sous le ciel encore endormi
juste au-dessus une montgolfière
comme perdue dans une mer sans nuage

Des mots


J’ai le bonheur de ne pas être atteinte
de chérophobie

Fragment de camping (15)


Mes collègues de travail ont vingt ans
la vie à dévorer et des tonnes de questions dans leurs sneakers
des marques de cosmétiques au sens de la vie, leurs conversations me régalent
je découvre des mots, des expressions, des musiques
elles sont de ce millénaire
féministes et écologistes par nature
elles avancent
entraînant le vieux monde

Du temps de l’amitié


Le hasard fait que cet été amène à la maison plusieurs amis pas vus depuis quelques années
nous avons tous vieilli
je suis émue de les voir chausser leurs lunettes
attendrie par les rides nouvelles
les mèches blanches
l’indolence naissante de la chair
nous sommes encore là
des décennies après notre première rencontre
tous ces verres bus ensemble
ces soirées joyeuses
tissent une vie
tissent nos vies
je remercie

Du changement et du Bonheur sur tout l’Univers (13)


Nous entrons dans l’appartement
la petite-fille nous accueille
sa remarque est tout à fait naturelle
je ne peux m’empêcher de penser que quelque chose est gagné
– Il faut enlever les chaussures parce que Papa a fait le ménage !

Du changement de paradigme


Un bonheur n’arrive jamais seul
à quelque chose bonheur est bon
le bonheur des uns fait le bonheur des autres
cette œuvre a fait un bonheur
oiseau de bonheur

Fragment de camping (14)


La famille vient de prendre possession de son mobile home pour la semaine
je vois revenir l’ado à la réception
sa tête annonce une mauvaise nouvelle
je pense aux soucis habituels, pas d’eau chaude, panne de gaz, le ménage n’a pas été bien fait, ou j’ai oublié de leur dire qu’il faut mettre la clef dans la serrure au-dessus de l’interrupteur à l’entrée de la pièce pour avoir la lumière
mais dans ces yeux c’est plutôt une catastrophe
– On n’a pas de connexion internet !

– Il y a un code wifi sur la porte du frigo, en tout petit à gauche
Je lui sauve ses vacances
son sourire soudain est si profond
qu’il fait aussi mon bonheur

Du vin et de la poésie


Le vin et la poésie ont toujours fait bon ménage, comme des compères en tournée dans les bars, tous deux détenant les secrets de l’ivresse.
Les célèbres poèmes d’Omar Khayyam ou de Charles Baudelaire sur le vin ont traversé les siècles, tels de bon crus, atemporels et universels.
Dans le recueil de poésie Ivresse de Merlin Salerno, on peut sentir que ces grands crus ont été éclusés, sans doute jusqu’à la lie, mais d’autres alcools ont été cuvés, d’autres bouteilles vidées, celles de l’autre Charles, par exemple.
Quand on parle d’alcool et de poésie au XXIe siècle, Bukowski traîne forcément dans les parages. Quelques images donnent l’impression qu’il est accoudé au comptoir, là, juste à côté. « Ce clochard que personne ne veut incarner »…

Dans la poésie contemporaine, la rencontre entre Baudelaire et Bukowski semble naturelle comme un vin où l’on mélange des cépages et qui bien dosé régale l’esprit autant que le ventre, sans oublier le sexe, jamais bien loin.
ange pornographique
giclant
dans nos routines casanières

La suite à lire ICI

De la motivation


3 raisons pour ne pas écrire

Ne pas en prendre le temps
se demander pourquoi le faire
pouvoir faire autrement

Bonheur sur tout l’Univers (12)


La petite-fille pose la même question à chaque fois
la réponse fait désormais partie de la question
C’est quoi ces traits sur ton visage ? C’est le temps ?

Fragment de camping (13)


Il y en a peu mais je les reconnais à la première phrase, il traîne toujours une intonation, l’accent de mon enfance.
J’ouvre l’onglet contact et je regarde d’où ils viennent.
A tous les coups, ils sont voisins de chez moi.
– Moi aussi je suis Franc-comtoise.
Et nous discutons, de notre contrée, des villages que l’on connaît.
De tout ce que j’ai quitté il y a quarante ans, par hasard, pour un ciel bleu, une lumière sans pareil, un rythme qui me va, un autre peuple. (suite…)

Les poèmes du Voyageur

 

Ce soir
d’un vieux Côtes-du-Rhône vivant
m’honorant de ses dernières confidences
le voile de soie tannique
et la quiétude
tapissent
l’amertume des tourments
du fond de la gorge
me confiant
de ne pas m’inquiéter
la vie c’est fascinant
on finit toujours par devenir
la raclure
que l’on détestait
Lorsque la mort
me sortira de sa cave pour son festin
pourvu que ces quelques poèmes
polis par le temps
adoucissent aussi
la poitrine
d’un fils de pute de mon espèce

De l’amour et de l’inavouable


Je me lève la première
il apparaît quelques heures plus tard
Chaque matin
me vient à l’esprit cette chanson un peu ridicule
« tout l’amour que j’ai pour toi… »
Je n’ai pas encore osé lui dire