Pour dire

         En tant qu’auteure étiquetée féministe (j’en suis fière), je suis interpellée sur la tribune de Virginie Despentes dans Libération à propos ces fameux Césars. Je vais donc préciser ma position (qui est celle d’ici et maintenant, vite fait, je m’octroie le droit de changer mes réflexions, ainsi va le vivant).
D’abord je voudrais rendre hommage à Adèle Haenel et Virginie Despentes pour ce qu’elles apportent aux combats des femmes, et donc à l’humanité, à notre société qui ne seraient pas dans une telle transformation sans elles et toutes ces femmes fortes et courageuses.
J’ai pour elles un immense respect et une sincère reconnaissance.
De l’autre côté, je suis profondément effrayée par les tribunaux populaires.
Qu’elles soient de gauche, de droite, du peuple ou de la morale, les dictatures ne m’attirent pas. Je me vis dans un état de droit où la justice fait son boulot, parfois n’importe comment c’est vrai, mais je préfère que ce soit tout de même elle qui le fasse.
Du point de vue politique, puisque Virgine Despentes se place sur ce terrain, je n’apprécie pas trop non plus quand on crache dans la soupe, quand dans un système vous occupez une position sociale qui vous donne la parole et totale liberté d’expression, cela me semble pour le moins incohérent de vous en servir pour vous positionner en rebelle absolue à ce système.
Je pense également que les piques de Florence Foresti (que je kiffe tellement par ailleurs) sur le physique de Roman Polanski n’élèvent pas le débat (si je puis dire) et le maintiennent même dans la vase d’où il vient.
Je ne perds pas de vue que pour que les choses avancent, pour que les mentalités changent, il faut souvent des accès et des excès de colère mais cela n’empêche pas la nécessité de la solidité des arguments, et les riches et puissants sales et méchants parce que riches et puissants n’en est pas un de mon point de vue. Je les ai aussi jadis tenus, mais les raisonnements manichéens, comme l’absence de doutes, me paraissent très dangereux. Sans omettre la relativité des choses, par exemple, à mes yeux, moi qui fais partie du sous-sous-prolétariat de la littérature Virginie Despentes fait partie de ces puissants, de ceux qui ont le pouvoir. Et franchement, je m’en réjouis, sauf si elle n’en a pas conscience.