Fragment confit 3 – saison 2
Sur le chemin de la balade règlementaire
aux lueurs du coucher
les cerisiers rouges
les vignes jaunes
et le vert qui reste
comme un reggae
sous un ciel d’or
nos battements de cœur
Sur le chemin de la balade règlementaire
aux lueurs du coucher
les cerisiers rouges
les vignes jaunes
et le vert qui reste
comme un reggae
sous un ciel d’or
nos battements de cœur
On traverse ensemble
on se verra de l’autre côté
on avisera pour l’angle de vue
le pire ou le mieux
Plus tard
à la science de l’art
nous apprendrons
ce qui nous est arrivé
Tout est trié
les amis
les photos
les vêtements
les priorités
on peut sortir maintenant ?
Ça brasse
les mots, les images, les vents
sans savoir où aller
quelle autorisation se signer
vers quelle destination
ça brasse
les cœurs, l’esprit, les ventres
sans savoir que penser
ni même ce que l’on ressent
quelle suite donner
ça brasse
les idées, les certitudes, les valeurs
sans plus savoir ce que l’on sait
tout le monde en même temps
apprendrait à nager
Une parole commune des femmes aux alentours
toutes le disent
nous ne regretterons pas les bises
L’incertitude est planétaire
il va falloir en revenir avec du nouveau
aura-t-on assez d’imagination
saurons nous faire la liaison
l’incertitude reste planétaire
Sans doute compterons nous
à partir de là où nous sommes
Choses qu’on ne peut pas savoir
Quand ce sera fini
Comment on s’en souviendra
Le temps qu’il fera
Choses tristes à penser
Ce que vivent les migrants
Les personnes confinées avec un monstre
Le retour des pollutions
La culture économiquement sinistrée (suite…)
Choses étonnantes observées
Même en voiture, on tient nos distances, c’est devenu un instinct.
Nous sommes déjà habitués aux gens masqués, c’est devenu la norme.
Quand on dit c’était avant, maintenant cela veut dire avant le coronavirus, c’est passé dans le langage.
Nous ne sortirons pas indemnes de là
Après un mois de confinement jeconstate déjà des dommages psychologiques :
cinquante années plus tard je relis Les quatre filles du docteur March.
Et je pleure aux mêmes endroits, comme une petite fille
(quand Beth découvre son piano, non ?).
Dans mon souvenir, Jo était la plus jeune
mais j’ai du confondre avec les Dalton.
Choses jamais vues dans une guerre
pour la gagner il faut se laver les mains
pour battre l’ennemi il faut rester chez soi
pour sauver les autres il faut s’en éloigner
pour être solidaire il faut s’isoler
J’ai eu 20 ans en 1979, c’est-à-dire dans une sorte de fenêtre de tir
entre la défunte morale castratrice et l’hécatombe du sida. (suite…)
C’est l’instant qui compte
Le ciel d’un bleu sans tache, le soleil, le printemps, ses floraisons
elle roule dans la campagne
vers l’horizon
la voiture confortable et silencieuse
la radio à fond, un morceau des Doors
Riders on the Storm
elle a l’amour dans le cœur
la puissance et le vivant (suite…)
On aurait mangé dehors, sous les platanes.
Les enfants ou les amis seraient arrivés les uns après les autres, on les aurait pris dans nos bras.
On aurait fêté la première tablée du printemps.
On aurait eu des gestes tendres, se touchant sans sans rendre compte.
Personne n’aurait pris la peine d’imaginer qu’il put en être autrement.
Précision*
Malgré les apparences, rien à voir entre je suis chez moi et on est chez nous
*Personnellement, je suis juste chez moi.
Le ralentissement du monde, c’est fait.
Deuxième étape : la légalisation de la douceur.
3 milliards à ce jour
d’humains confinés
Les routes les rues les places
vides
3 milliards de cellules enfermées
dans le vide
Un jour ça reviendra
prendre dans ses bras
toucher à tout
marcher loin (suite…)
Trois choses que l’on peut avoir
Peur
Espoir
Pas plus de 12 rouleaux de PQ
Deux choses étranges
Moi qui aie passé ma vie à la fuir, j’établis dans ce confinement une routine. Elle structure mes journées, faisant fi de quel jour nous sommes. Comme pour aller au bout de cette reposante expérience de ne plus se poser de question sur la teneur desdits jours.
Dès le jour 1, en regardant film ou série l’étonnement d’y voir les gens circuler librement, se prendre dans les bras, se serrer la main. Le sentiment que mon cerveau s’adapte plus vite à la réalité que moi.
– Tu te rends compte ce pauvre pangolin, le bordel qu’il a mis dans le monde ! C’est un seul animal, un pangolin précis, un individu…
– Oui, depuis, il doit raser les murs…
On se retrouve après la fin du monde
quand les fumées seront dissipées
les cartes rebattues
et les comptes soldés
Rendez-vous après la fin du monde
hors de nos tanières
différents
l’Histoire mise à jour