Au joli moi de Marie
la vie belle avec l’amour
mais il paraît
elle ne pas être
qu’un champ de coquelicots
mais on le dit
la vie pas si jolie jolie
au joli mois des mais
tout est comme elle
ombres et contraires
bleu et jaune, rouge et vert
l’émoi et la lumière
Chaque année la migration
des champs de coquelicots
le retour des papillons blancs
l’éclat soudain des verts et du ciel
à chaque saison
découverte et souvenir
s’entremêlent, se juxtaposent
s’émerveillent, se renouvellent
ici aussi le jour charrie
les noirceurs du monde
mais aujourd’hui je ne peux pas
j’ai printemps
Le pas soudain plus léger
sans raison
si ce n’est
le cycle des lumières
Comme s’il avait attendu l’équinoxe
et le décret officiel
le soleil de retour
brasille le jour
Fragment rural (2)
Vue et printemps sur la vallée
le poème peint
avec toute la palette de verts
Parfois voudrais
printemps
tout le temps
Goûteux
L’interstice, l’intervalle
l’infime espace entre deux pièces du puzzle
quand le printemps n’est pas encore tout à fait là
et l’hiver déjà un peu parti
Les saisons qui s’enchevêtrent
ne trompent personne
on connaît la suivante
l’impatiente
On va toujours vers les beaux jours
Le printemps joueur
nous retient
par la manche
par la pluie
Premières journées
portes ouvertes
portées par le printemps
Tout un printemps
et tous les précédents
dans un champ
de pissenlits
En beauté
Au printemps
La poésie époussette les épaules
de tous les poètes
Même ceux qui n’en ont pas
On dit que le froid reviendra
on le dit fort
que le bourgeon l’entende
Après la gelée du matin
le printemps s’immisce
en un coup de semonce
Quelques heures de printemps
dans une journée
quelque chose de familier
dans le ventre
de l’hiver